Fête des mères / Mother’s day / Ziua mamei.

Je reçois en cadeau de ma fille qui va s’en occuper de dîner , toute une journée de congé. Pour que je fasse ce que j’aime.

Alors…chaise long, jardin, soleil, printemps, livre = bonheur.

Je relis Orwell « 1984 ».

Je l’ai vécu, ce 1984. La forme était un peu différente mais les émotions, les états d’esprit, pareilles. La même peur, le dégoût pour tout mais surtout pour toi-même, le doute.

Apprendre, très jeune à douter étais une question de survie. Vivre dans le doute c’est comme flotter, tout seul au beau milieu de l’océan.

J’ai vu, cinq ans après le 1984 les livres d’histoire de l’école réécrits. Mes héros sont devenus pygmées et risibles.

Les rues ont changé du nom, les socles des statues aussi, seuls les pigeons sont les mêmes.

Pour ceux qui ont vécu le 1984 il n’y a plus de vérité ni du cerveau ni du cœur. Il y a juste des différents significations qu’on donne aux différents événements, en fonctions de différents personnes et intérêts. Interchangeables .

Dans cette lumière c’est nuisible d’étudier l’histoire à l’école ou devant les cheminées , en famille.

Les mères, vous qui racontez vos histoires, ou celle de votre père ou de votre bout de terre, sachiez que c’est une grosse responsabilité.

« Ce bout de terre a été labouré par ton grand père , mon fils. Et par ton arrière –arrière grand père » Même si on arrête là, la terre devienne insoutenable et trop lourde pour le pauvre fils qui n’a plus beaucoup de choix : mourir pour elle, se laisser écrasé par elle ou renier sa mère avec ses histoires.

Dans ce jour de fête, étouffée par les éloges, je sens l’odeur de la culpabilité. S’il faut croire Freud, nous , les mères, on fait plus que accoucher : on crée les hommes et les femmes, tel qu’ils sont dans les nouvelles à la télé ; les monstres et les anges.

Il faut avoir le courage de reconnaître que beaucoup, beaucoup de guerres n’auraient quand même jamais eu lieu sans l’approbation tacite, quelque part, d’une mère. Depuis toujours, jusqu’à aujourd’hui.

On n’est pas coupable pour ce que deviennent nos enfants, mais pour les lourdes histoires qu’on les met sur leurs épaules, pour les clôtures qu’on dresse autour d’eux, pour les masques qu’on les habitue à porter, pour les yeux qu’on fermes quand il faut, au contraire, faire la lumière !

En regardant l’arc en ciel tout à fait inattendu,je pense à mes deux mères , qui sont maintenant là haut :une m’a donné la vie, l’autre m’a appris le bonheur. Un gros merci à toutes les deux.

Fiica mea se va ocupa astazi de pregatitul mesei si etc, deci primesc in cadou o zi intreaga de libertate totala, sa fac exact ce-mi place :

Sezlong, gradina, soare, primavara , carte = fericire.

Recitesc G. Orwell « 1984 » L-am trait, acest 1984. Forma era un pic diferita dar emotiile, starile de spirit, erau celeasi. Aceeasi frica, acelasi dezgust pentru tot, dar mai ales pentru tine insuti.

Si indoiala, neincrederea omniprezenta. Am vazut , cinci ani dupa 1984, manualele de istorie rescrise. Fostii mei eroi, au devenit ridicoli si pigmei. Strazile si-au schimbat numele, soclurile statuilor la fel, numai porumbeii au ramas aceeasi.

Pentru cei care au trait acel 1984, nu mai exista adevar, nici al creierului nici al sufletului.

Exista doar diferite semnificatii pe care le putem da diferitelor evenimente functie de diferitele persoane si interese. Care se pot schimba intre ele.

Privit din acest punct de vedere , e chiar contraindicat studiul istoriei la scoala. Sau la gura sobei, in familie.

Mame, voi cele care povestiti istoria vietii voastre, sau a tatalui vostru, sau a bucatii voastre de pamant, nu uitati ca e o mare responsabilitate.

« Dragul meu fiu, pe pamantul asta a muncit bunicul tau, si strabunicul, si stra-strabunicul tau »

Chiar daca ne oprim aici, bucatica de pamant devine mult prea grea pentru umerii bietului fiu care nu mai are de ales : sa se bata pana la morte pentur bucatica de pamnt, sa se lase strivit de prezenta si obligatia ei sau sa-si renege mama cu toate povestile ei.

In aceasta zi de sarbatoare dedicata mamei , sufocata de elogii roz bombon, simt mirosul vinovatiei. Daca ar fi sa-l credem pe Freud, noi, mamele, facem mai mult decat sa nastem : noi sutntem cele care am creat lumea din jur, asa cum apare la stirile de la tv : cu monstrii si cu ingerii ei.

Trebuie sa avem curajul sa recunoastem ca multe, multe razboaie n-ar fi avut loc fara aprobarea, tacita , de undeva din umbra, a unei mame. D’intotdeuna si pana in zielele noastre.

Nu suntem vinovate pentru ceeea ce devin copii nostrii, ci pentur greutatile stramosesti pe care le punem pe umerii lor, pentur gardurile pe care le construim in jur, pentur mastile pe care-i obisnuim sa le poarte, pentru egoismul cu care-i facem sa ne semene cu orice pret.

Cu ochii pe cer unde a aparut, din senin un curcubeu neasteptat, ma gnadesc la cele doua femei care au fost mamele mele si care acum sunt amanadoua acolo sus : una mi-a dat viata, cealalta m-a invatat ca fericirea exista. Multumesc din suflet la amandoua.